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Y A-T-IL VRAIMENT UN RISQUE D'ÊTRE CONTAMINÉ PAR LE COVID-19 EN EXTÉRIEUR?
2021-05-18 21:12:30




Si les contaminations au Covid-19 sont bien moins nombreuses en extérieur, elles ne sont toutefois pas impossibles sous certaines conditions. Les données scientifiques manquent pour évaluer précisément ce risque.

La date du 19 mai va sonner en France une étape importante du déconfinement pour les Français, avec un couvre-feu repoussé à 21h, l'ouverture de nombreux lieux culturels mais aussi des terrasses. En plus de ces assouplissements, l'arrivée prochaine des beaux jours promet des retrouvailles en extérieur nombreuses. Cela pourrait-il avoir une incidence sur la circulation du Covid-19 dans l'Hexagone?

Selon les nombreuses études réalisées ces derniers mois sur la transmission de ce coronavirus, il est avéré que les contaminations en extérieur sont moindres comparées à celles en intérieur, même s'il reste encore difficile d'évaluer précisément les risques.

Les terrasses "beaucoup moins à risque que les espaces intérieurs mal ventilés"

Il est avant tout important de rappeler que le Covid-19 se transmet "essentiellement par voie aérienne (gouttelettes de postillons émises au cours des efforts de toux mais aussi lors de la parole) et passe par un contact rapproché (moins d'un mètre) et durable (au moins 15 minutes) avec un sujet contagieux", comme l'explique l'Institut Pasteur.

"Des particules de plus petite taille peuvent aussi être émises sous formes d'aérosols au cours de la parole, ce qui expliquerait que le virus puisse persister en suspension dans l'air dans une pièce non ventilée." Le virus peut également "conserver une infectiosité pendant quelques heures sur des surfaces inertes".
En ce sens, le port du masque et le respect de la distanciation sociale permettent, en intérieur comme en extérieur, de grandement limiter les risques d'infection, tout comme un lavage des mains régulier.



Mais un écart important a été observé entre d'une part les risques de contaminations à l'air libre et d'autre part ceux dans une pièce, aérée ou non. Selon les derniers résultats de l'étude française ComCor, il apparaît ainsi que "les clusters et épisodes de transmission bien caractérisés sont très majoritairement identifiés en espaces intérieur comparé à extérieur".

"Le message essentiel reste de marteler que (les terrasses) sont beaucoup moins à risque que les espaces intérieurs mal ventilés", indiquait par exemple début mai à l'AFP l'épidémiologiste Antoine Flahault. "Dans un espace mal ventilé, le nuage (d'aérosols) peut planer plusieurs minutes, voire plusieurs heures avant de se dissiper. Mais en terrasse, il se dissipe rapidement dans l'atmosphère". On estime donc que le risque de contamination est "18 à 20 fois moindre" à l'extérieur qu'à l'intérieur, déclare-t-il.

Le risque réel de contamination encore mal défini

Si le constat d'une diminution des risques d'infection en extérieur est unanime, il est encore difficile de l'évaluer précisément.

Une étude publiée dans la revue The Journal of Infecious Disease fin novembre, avait analysé les résultats de plusieurs travaux sur le sujet. Selon les données à disposition, moins de 10% des contaminations de SARS-CoV-2 survenaient en extérieur. Toutefois, les scientifiques notent "une grande hétérogénéité dans la qualité des études et les définitions individuelles de ce qu'est un environnement extérieur, ce qui limite notre capacité à tirer des conclusions sur les risques de transmission à l'extérieur".

"De plus en plus de données suggèrent que la plupart des transmissions se produisent à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur; moins de 10% de la transmission documentée, dans de nombreuses études, ont eu lieu à l'extérieur. Nous savons également qu’il existe un risque de transmission presque 20 fois plus élevé à l’intérieur qu’à l’extérieur", déclarait fin avril Rochelle Walensky, à la tête du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américain.
Ces chiffres ont toutefois été remis en question par d'autres scientifiques, pour qui ce taux est en réalité bien plus faible. "Dire que 'moins de 10 pour cent' de la transmission se produit à l'extérieur n'est pas utile. C'est comme dire que la température d'aujourd'hui sera inférieure à 90 degrés. Voici une meilleure estimation: (un risque inférieur à) 1%", écrit sur Twitter Linsey Marr, chercheuse américaine spécialisée dans la transmission aérienne des virus.
"Je suis sûr qu'il est possible que la transmission se produise à l'extérieur dans les bonnes circonstances" déclare au New York Times l'infectiologue Aaron Richterman de l'Université de Pennsylvanie. "Mais si nous devions y mettre un chiffre, je dirais beaucoup moins de 1%", abonde le scientifique.

Tous les extérieurs ne se valent pas

Ce flottement sur les chiffres vient aussi du fait que toutes les interactions en extérieur ne se valent pas. "Le risque de transmission est complexe et multidimensionnel. Cela dépend de nombreux facteurs: du type de contact (durée, proximité, activité), de facteurs individuels, de l'environnement (par exemple extérieur, intérieur), de facteurs socio-économiques et des mesures d'atténuation en place", explique ainsi l'infectiologue écossaise Muge Cevik.

Il y a bien évidemment plus de risques de se contaminer lors de grands rassemblements dehors que dans une rue où l'on ne va croiser que quelques personnes. Avant que le port du masque ne soit généralisé en extérieur, il avait ainsi d'abord été limité à certains espaces publics jugés plus à risque. "Le port du masque sera rendu obligatoire dans certains espaces publics extérieurs à forte fréquentation de la Capitale" écrivait ainsi la préfecture de police de Paris le 4 août dernier.

"Il faut distinguer deux situations : la première, être en extérieur, aller dans des jardins, des forêts, où le risque est probablement extrêmement résiduel", expliquait début mars à Europe 1 Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). "Deuxième situation: celle où l'on va se rassembler lors d'attroupements, collés, où l'on va parler, on va crier, on va chanter, on va postillonner, et on va créer des aérosols de gouttelettes dans des situations extrêmement à risque d'inhalation."

Pour limiter les risques, il est donc important des continuer à respecter, même en extérieur, des gestes barrières comme la distanciation sociale et de restreindre le nombre de personnes dans les regroupements.

Antoine Flahault soulignait ainsi un risque de "voie de contamination directe", ou "voie balistique" en extérieur, qui pourrait émaner "d'une personne infectée qui postillonnerait en parlant, toussant ou éternuant directement sur les yeux, narines ou bouche de la personne située en face d'elle, à faible distance, sans masque ni lunettes", explique-t-il, en la jugeant cependant "plus anecdotique que fréquente".

"Bientôt" la fin du masque dans certains lieux?

Toutefois devant ces données, la bonne marche de la campagne vaccinale et la baisse actuelle du nombre de patients Covid-19 en France, la possibilité d'abandonner le masque en extérieur, et d'autres gestes barrières est sur la table. "On y arrivera bientôt", a ainsi estimé Olivier Véran, invité exceptionnel de BFMTV ce lundi soir.

Le ministre de la Santé a cependant lui aussi établi une distinction entre plusieurs cas de figure. "Quand vous êtes dehors, dans le centre d'une grande ville, avec plein de boutiques, vous allez faire la queue dehors, vous allez manger, vous allez croiser des gens etc. Là, tant qu'on n'a pas un niveau de couverture vaccinale adéquate, il paraît plus prudent de maintenir l'obligation de port du masque", a-t-il détaillé.

En revanche, "si vous êtes seul ou quelques-uns dans un très grand espace, très aéré comme une plage, une montagne, une forêt, un parc, une rue déserte, là on doit pouvoir être rapidement amené à revenir sur l'obligation du port du masque dans cette situation", selon Olivier Véran. Pour le ministre de la Santé, il est donc peu probable que les Français soient obligés de porter un masque "sur la plage ou sur un transat cet été".


Source: BFMTV