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La force d’une nouvelle génération : les jeunes chinois à la COP21
2018-05-08 21:49:04


Enfin, ça y est, 195 États sont parvenus à un accord historique pour clôturer la COP21. Objectif : limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°. « Immense succès diplomatique mais échec climatique», dit Le Point, « tout est possible mais tout reste à faire », remarque La Croix. Mais il est clair que la Chine, « qui a obstrué la Conférence de Copenhague en 2009 », a laissé beaucoup de participants impressionnés par son ouverture et sa conscience de responsabilité cette fois-ci à Paris. À part une meilleure image des négociateurs chinois, les jeunes participants du pays ont beaucoup aidé le monde à mieux connaître la Chine d’aujourd’hui.

 

 

LI Yanze, étudiant de 15 ans du Lycée affilié à l’Université du Peuple de la Chine, est le plus jeune participant de la COP21 du pays.

LI Yanze, étudiant de 15 ans du Lycée affilié à l’Université du Peuple de la Chine, le plus jeune participant de la COP21 du pays. Crédit Photo: Ninan.WANG

LI Yanze : « Je me suis intéressé au changement climatique il y a deux ans et j’ai beaucoup participé à des activités de sensibilisation. Pour moi le message est très clair : Notre génération sera condamnée à vivre dans la pollution si on ne fait rien pour améliorer. Je suis venu ici pour mieux comprendre l’enjeu. »

HUO Jiaming, 17 ans, d’un lycée dans la province du Liaoning, est aussi un membre d’observation.

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HUO Jiaming, lycéen de la province du Liaoning. Crédit Photo: Ninan.WANG

HUO Jiaming : « Les jours où j’ai attendu mon visa pour la France, ma province est plongée dans le plus épais smog du jamais vu à cause de la consommation hivernale du charbon. Dans les couloirs de mon lycée, on n’arrive pas à distinguer un camarade d’un professeur alors qu’ils sont juste 3 ou 4 mètres en face de nous. Donc en fait ce qui m’intéresse le plus c’est des solutions d’autres pays de lutter contre le smog. »

LI Yanze et HUO Jiaming font partie des jeunes lauréats du concours national multimédia de Science de Chine, ils ont été choisis par JIANG Dongmei, présidente de l’Académie de Science des Jeunes de Hongkong, pour cette visite à la COP21. Pour JIANG Dongmei, c’est important de prendre avec elle des étudiants chinois pour participer à des conférences internationales sur le climat.

JIANG Dongmei, présidente de l’Académie de Science des Jeunes de Hongkong. Crédit Photo: Ninan.WANG

JIANG Dongmei : « Le public chinois, spécialement les jeunes, ne connaissent pas assez pourquoi les membres de la négociation ne parviennent pas facilement à un accord, il leur semble que tout le monde a ses propres raisons indéniables, ses propres intérêts justifiés à défendre, il y a trop d’informations et pourtant la logique ne leur est pas toujours claire. Quand nous les adultes s’engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique, il ne faut pas laisser les adolescents à côté. Les adultes ne peuvent pas prendre la décision pour la future génération, les jeunes ont le droit de nous joindre pour créer le futur qui leur appartient. »

« Je vois souvent une négligence des médias : Tous les journalistes viennent faire des reportages quand il y a des conférences sur le climat, mais peu s’intéressent à la suite, à ce qui se passe après les conférences. De plus, les médias chinois n’ont pas assez joué le rôle de révéler les informations sur l’environnement pour le public. »

« Ce qui impressionne le plus les jeunes participants c’est qu’environ 190 pays dans le monde se réunissent pour essayer de sauver la planète, et que c’est justement parce que nous faisons de notre mieux, que le monde puisse devenir un meilleur endroit. Cela les encourage à faire plus d’efforts dans leurs études, non seulement pour un résultat satisfaisant du baccalauréat. »

Cédric THOMAS, architecte HMONP, cherche activement à établir les liens avec des partenaires potentiels chinois. Pour lui, ça serait bien d’avoir une plate-forme regroupant les contacts et les informations sur les participants venant de la Chine.

Cédric THOMAS, architecte HMONP. Crédit Photo: Ninan.WANG

Cédric THOMAS : « La Chine est un grand pays, ce n’est pas simple de savoir ce qui se passe réellement, il pourrait exister des medias spécialisés qui nous parlent de ça. Actuellement on donne beaucoup de cartes de visite et on parle de beaucoup de projets c’est génial, mais c’est dommage que j’ai du mal à récupérer des informations. Il faut vraiment forcer les gens, serrer les mains, trouver les bons interlocuteurs. On est certain qu’ils sont là, mais on ne sait pas où. C’est un peu dommage, je pense qu’il mériterait de plus de clarté. »

En effet, il existe bien des associations qui aident à faciliter les échanges franco-chinois. LIU Kaisheng, président de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable, était un jeune diplômé de l’École des Ponts ParisTech à l’époque où il a eu l’idée de faciliter l’échange franco-chinois au niveau du développement durable.

LIU Kaisheng, président de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable. Crédit Photo: Ninan.WANG

Liu est d’origine de la ville chinoise de Zhongshan, ville natale de SUN Ya-tsen, pionnier de la révolution démocratique chinoise. Selon lui, cette ville se réjouit d’une meilleure qualité de l’air grâce à la protection plus forte du gouvernement chinois, parce que « protéger une ville d’un pionnier de la révolution, c’est important. »

La ville de Zhongshan n’est qu’un cas particulier. Depuis des années 2000, la pollution est devenue de plus en plus sévère en Chine, l’importance d’un développement durable est ainsi de plus en plus mise en valeur par la politique chinoise. Le gouvernement veut un différent modèle de celui dépendant de l’exportation avec une main-d’œuvre à bas coûts. Une économie plus saine, la construction des villes plus durables se trouvent ainsi dans chacun des derniers plans quinquennaux de la Chine.

LIU Kaisheng, président de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable. Crédit Photo: Ninan.WANG

LIU Kaisheng : « J’avais 28, 29 ans quand j’ai été diplômé de l’École des Ponts ParisTech. Un de mes professeurs travaillait à cette époque pour le Ministère du Développement durable de France. Il a prévu qu’il y aurait une forte demande des gens spécialisés dans le développement durable des villes, tout en maîtrisant la langue française comme chinoise, pour aider les hauts responsables de mieux prendre les décisions. »

En 2008 l’ancien président français Nicolas Sarkozy s’est rendu visite en Chine, les deux pays ont signé un accord de la coopération pour construire des villes du développement durable. À ce moment-là, des ingénieurs chinois résidant en France ont créé cette association. 7 ans plus tard l’association se réjouit de 330 personnes, dont 80% sont des Chinois, explique LIU Kaisheng :

« On a voulu créer une organisation non lucrative pour réaliser notre valeur. C’était notre jeunesse, nous étions passionnés par ce qu’on peut faire et on n’a pas pensé à gagner de l’argent. Petit à petit notre association s’est agrandie, de plus en plus de gens sont mobilisés à travers les conférences et échanges qu’on a organisés, c’est justement ça notre message à transmettre : nous pouvons mieux faire si nous nous réunissons. »

Les bénévoles de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable. Crédit Photo: Ninan.WANG

« Grâce à des renouvellements des générations, les gouvernements locaux en Chine ne sont plus dans leur ancien état d’esprit et ils cherchent activement des solutions à travers des plates-formes de communication avec le monde extérieur. La ville de Chengdu et de Shenzhen, sont des beaux exemples du changement du modèle de développement. On sent que dans leurs équipes il n’y a quasiment pas de bureaucratie, tout le monde peut déployer ses talents pour servir un objectif commun.»

« Concernant la COP21, si on ne parvient pas à un accord cette fois-ci, on transmettrait un message pessimiste envers les futures générations, c’est-à-dire on vous abandonne, le dérèglement climatique est votre question, vous vous débrouillerez et je trouve ça irresponsable. »

« Pour nous, les textes des négociations sont très compliqués à comprendre, mais ce qu’on veut est le résultat, ce qu’on peut parvenir à faire concrètement à travers cet accord. Il faut se demander : sommes-nous prêts à mener un développement durable et dire au revoir à la pollution ? Chaque pays a ses propres difficultés, mais l’importance est de travailler ensemble pour un futur commun, et il faut que les hommes de politique comprennent l’essentiel. C’est pour ça que personnellement, je trouve le résultat de la COP21 est une chose très symbolique, pas plus que ça. »

Le stand de l’association de LIU occupe 18 mètres carrés dans l’Espace Génération climatique au site de la COP21, la préparation du stand était un travail collectif dans 50 jours de 50 personnels plus 50 bénévoles, âgés de 20 à 30 ans. Pour LIU, la présence de ces jeunes est indispensable pour l’association.

Les bénévoles de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable, au site de la COP21. Crédit Photo: Ninan.WANG

LIU Kaisheng : « Nous avons besoin de sang frais dans l’équipe pour être plus innovant et créatif, et là je suis ravi de voir la créativité et l’ambition des générations post-90s. La COP21 nous a permis de se comprendre entre nous les anciens combattants et les jeunes qui arrivent nous joindre. Il est de notre responsabilité de les aider à voir plus loin. Il est urgent de régler les problèmes du modèle du développement en Chine, si vous savez combien de Chinois sont morts chaque année à cause de la pollution. C’est notre responsabilité de faciliter les échanges franco-chinois et de les aider à mettre en application les technologies avancées, parce qu’en réalité, ce sont des technologies appliquées qui créent des valeurs. Nous n’avons qu’une seule vie à vivre, ça sera bien d’être utile pour la France et la Chine, notre pays d’accueil et notre pays natal. »

CHEN Junlong, secrétaire de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable, est un jeune diplômé. Il porte un T-shirt de son association et sur ce T-shirt est écrit deux lettres C : Le premier C signifie « City » en anglais, donc la ville. Le deuxième C représente la Chine. Un fleuve vert représente les technologies vertes, qui aident les gens à construire des villes durables. Selon CHEN, à part les représentants des entreprises cherchant d’opportunité de coopération avec les entreprises chinoises, le public français affiche eux aussi une envie de mieux connaître la Chine.

CHEN Junlong (gauche), responsable de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable. Crédit Photo: Ninan.WANG

CHEN: « Ce qui m’étonne le plus c’est que le public français s’intéresse beaucoup à ce qui se passe en Chine, ils s’inquiètent du smog à Pékin même si c’est à l’autre bout du monde. Je leur ai remercié, et puis je leur ai dit que la Chine est en train de faire beaucoup d’efforts pour lutter contre la pollution, et nous utilisons beaucoup de technologies françaises. »

« Par rapport à des générations précédentes, la jeune génération chinoise maitrise mieux les langues étrangères qui leur facilitent la compréhension du monde extérieur, et donc ils montrent une attitude différente envers les affaires internationales. En fait, après que les bénévoles expliquent ce que la Chine est en train de faire pour construire des villes durables à des gens qui viennent à notre stand, les gens sont souvent très impressionnés et nous disent bravo. »

«  Les médias français parlent beaucoup de la situation environnementale de la Chine, c’est bien parce qu’ils mettent la pression sur le gouvernement chinois et nous poussent à améliorer. Et ça facilite les entreprises françaises cherchant à exporter les technologies vertes envers la Chine. Le smog est juste là, la pollution est juste là, ça ne sert à rien de nier le fait que nous vivons dans un environnement très pollué, j’en suis reconnaissant que les français se soucient de nous. Mais ce qui est aussi important c’est de se rendre compte des efforts et des actions de nous les chinois, de comprendre que la Chine et la France fonctionnent sous de différents systèmes et que ce n’est pas facile pour nous d’arriver à ce qu’on a réussi à faire aujourd’hui. Il nous faut du temps pour mieux faire. »

« La mentalité française et chinoise sont différentes, et les différences culturelles sont interprétées souvent à travers des réunions et négociations entre les deux parties, qui ne marchent pas toujours. Il faut donc les associations comme nous, pour aider les entreprises françaises et chinoises à se communiquer sans trop de barrières culturelles. »

«Moi je suis né en 1991, donc de la génération dite post-90s, je suis très optimiste de ce qu’on peut faire dans le futur. »

Selon CHEN, les entreprises chinoises montrent une forte demande des technologies françaises concernant les technologies de la production de l’énergie de biomasse, ou de la construction des maisons en bois avec une faible conductivité thermique donc moins énergivore.

L’équipe de l’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable, au site de la COP21. Crédit Photo: Ninan.WANG

Entraînées par la surproduction, une des entreprises chinoises, spécialisée dans la fabrication des cellules photovoltaïques, est toujours à la recherche des marchés en Europe. L’Association Franco-Chinoise du Développement Urbain Durable, se réjouissant de ses réseaux avec les entreprises françaises, envisage d’organiser une conférence en février ou mars 2016, afin de mettre en contact cette entreprise chinoise avec ses partenaires potentiels français. Enfin, CHEN est très content de ses efforts ces jours-ci :

CHEN : « Comme vous pouvez voir par ici, nous avons pris beaucoup de cartes de visite des représentants des entreprises françaises ces jours ci. Janvier prochain, nous allons profiter de ces contacts, créer des opportunités de visite des entreprises françaises en Chine, et les entreprises chinoises en France. »

« Je ne crois pas que les ONG et d’autres forces non-gouvernementales peuvent pousser les dirigeants des pays à signer un accord contraignant. Mais cela ne sert à rien une signature si l’accord n’est pas bien appliqué. L’importance des ONG comme nous, est que nous aidons la société à réaliser les objectifs spécifiques fixés par les gouvernements : à travers les échanges qu’on établis, les entreprises françaises et chinoises mènent des coopérations visant à réduire les émissions de CO2, c’est ça notre valeur. Ensuite, les coopérations franco-chinoises font que les technologies vertes sont plus commercialisées. Et là, quand il y a de bénéfice à tirer, tout le monde va y investir. Pour être honnête, nous ne sommes pas des idéalistes dans une société de consommation. Rendre l’innovation verte profitable au niveau financier, c’est très important. »

HU Min, jeune directrice exécutive d’Innovative Green Development Program, mène depuis des années ses recherches sur les politiques chinoises dans les villes bas carbone.

HU Min, directrice exécutive d’Innovative Green Development Program. Crédit Photo: HU Min

HU : « Actuellement la Chine possède 36 villes bas carbone, dans ces 36 villes vivent plus de 30% de la population chinoise donc elles couvrent une importante partie du pays. Ce que nous sommes en train de faire est de développer un outil pour montrer aux gens les politiques destinées à la réduire des émissions de chaque ville, et les résultats qu’elles donnent. »

« Réduire les émissions, protéger l’environnement, ce n’est pas forcément la priorité des priorités des gouvernements locaux. Souvent ils mettent plus d’importance à des projets plus faciles à atteindre. Et là, nous espérons leur montrer, avec les statistiques qu’on donne, que si on choisit les projets ambitieux, on peut avoir plus de bénéfices et il faut réagir face au dérèglement climatique le plus vite que possible. Nous espérons que les décideurs puissent avoir plus de confiance et se disent voilà on peut mieux faire. »

Anne LETTREE, présidente de la Fondation holistique « Les T.I.T.AN.S.», s’est dite ravie d’être venue .

Anne LETTREE : « J’ai un petit-fils qui a 7 ans, il vit en Chine et habite à Shanghaï et lui il est déjà concerné. Dans son école à Shanghaï, ils savent qu’il faut économiser pleines de choses, il est très informé. Quand il a su que je participais à la COP21, il était très fier de savoir que sa grand-mère allait sauver la planète. »

 

Anne LETTREE (droite), présidente de la Fondation holistique « Les T.I.T.AN.S.». Crédit Photo: Ninan.WANG

Les chinois disent souvent qu’un pays deviendra une puissance si les jeunes sont ambitieux. Selon les statistiques officielles en 2010, la Chine compte plus de 300 millions de jeunes âgés entre 14 et 29 ans. Avec une meilleure éducation et de plus d’opportunités de découvrir le monde, ils seront prêts à faire des changements.

Ninan.WANG
Radio Mandarin d’Europe