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CAI Lianhua, Vice-président du CESER Île-de-France!
2021-06-12 00:16:25


C’est un grand moment pour les Français asiatiques! CAI Lianhua, le premier membre asiatique du Conseil économique, social et environnemental en Île-de-France (CESER), est investi officiellement de la fonction de vice-président du CESER régional au 10 juin 2021.

CAI Lianhua est Français d’origine cantonaise né au Cambodge. Il connaît très bien Paris, et l’Île-de-France, où il consacre sa vie depuis 40 ans. Pendant cette période, Il a exercé de nombreux métiers: il a exercé comme ingénieur dans le domaine des communications informatiques, il était fonctionnaire, et il est aujourd'hui conseiller du CESER. Il dit toujours que nous devons bien traiter de la relation entre la vie professionnelle, la vie familiale et la vie sociale. Son expérience est un bon exemplaire de l'intégration dans la société française.

En exclusivité, CAI Lianhua s’exprime sur notre chaîne Radio Mandarin d’Europe (RME). Quel est son plus grand sentiment pour nous partager?
 


RME: Bonjour Monsieur CAI, merci d’être avec nous.
 
CAI Lianhua: Bonjour à vous tous. Je suis très ravi de vous retrouver.
 
RME: En tant que premier membre Français asiatique du Conseil économique, social et environnemental en Île-de-France, et puis vous êtes aujourd’hui le premier vice-président asiatique, félicitations pour votre promotion. Vous être surpris par cela ou très attendu? Pourquoi vous?
 
CAI Lianhua: En qualité d’un immigré de première génération, je suis très honoré d’être nommé par Michel CADOT, le Préfet de région, sur proposition de Valérie PÉCRESSE, la présidente du Conseil régional d’Île-de-France pour siéger au CESER Île-de-France,du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2023. Être Conseiller du Ceser, c’est pour moi faire mon apprentissage de la démocratie du pays des Lumières, ma patrie d’adoption. Cette assemblée, c’est le défi d’un travail collégial et harmonieux, sur une panoplie de sujets extrêmement variés, avec des personnalités venant de différents horizons.
Je pense avoir été identifié par les autorités préfectorales suite aux événements suivants :
20 juin 2010-manifestation « Sécurité pour tous » (je revendique la paternité du slogan) sur voie publique rassemblant plus de 10 000 personnes selon la presse. Le parcours autorisé par la Préfecture de police de Paris était de Belleville à Colonel Fabien, puis retour à Belleville. À la fin de la manifestation, des échauffourées ont éclaté dans le quartier de Belleville faute de n’avoir pas pu disperser la foule à la fin de la manifestation.  
4 septembre 2016-2ème manifestation « Sécurité pour tous » de la place de la République à la place de la Bastille, 15 500 personnes selon la police, plus de 50 000 selon les organisateurs. Le 4 septembre, la place de la République, la place de la Bastille sont des symboles forts de la République française. En effet, le 4 septembre 1870 est la date de la déclaration de la Troisième République par Léon Gambetta au Palais des Tuileries à Paris.
Pour chacune des deux manifestations sur la voie publique, j’étais le porte-parole et le rédacteur du communiqué de presse. 
En 2013, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a attribué une fréquence hertzienne numérique à l’association Le Carré de Chine dont je suis le président fondateur, visant l’exploitation de la station radiophonique Radio Mandarin d’Europe dont la zone de couverture est la capital française ainsi que les départements limitrophes.
 
RME: Pensez-vous que c'est un avantage que vous apporte votre origine asiatique? Ou l'origine vous met sous pression?
 
CAI Lianhua: Je suis né au Cambodge sous la bénédiction des Apsaras khmères, élevé avec les pensées des cent écoles chinoises, et nourri par les Lumières depuis plus de 40 longues années. Dans les groupes de travail du Ceser, avec mon bagage culturel, j’y apporte ma sensibilité, ma perception et ma vision sur les questions posées. Des travaux engagés par le Ceser enrichis par un apport venant des minorités culturelles, à l’image de la composition de la société francilienne est une plus-value certaine dans les analyses et les préconisations. À titre d’information, plus de 40% des immigrés en France habitent en Île-de-France. 
La vérité est protéiforme, le pire des ennemis de la vérité est l’intime conviction. 
 
RME: Pouvez-vous nous donner une brève description, qu’est-ce que c’est le Conseil économique, social et environnemental régional? Comment ça fonctionne? 
 
CAI Lianhua: Nous, des femmes et des hommes de terrain, réfléchissons de manière collective aux orientations de la politique de l’Île-de-France. Nos missions s’articulent en trois points: analyser et éclairer les actions de la Région Île-de-France, impulser des réflexions et des dynamiques de changement, et contribuer à l’évaluation des politiques publiques régionales:
1. éclairer les actions de la Région Île-de-France: nous partageons nos idées et préconisations au Conseil régional pour l’avenir de l’Île-de-France. La réflexion collective sur des sujets variés et la diversité des conseillers contribuent à valoriser toutes les facettes de notre territoire et de ses habitants;
2. impulser des dynamiques de changement: dans un souci d’innovation et au plus près des préoccupations du terrain, nous cherchons des solutions nouvelles pour orienter les politiques publiques régionales;
3. alerter les pouvoirs publics: depuis la loi NOTRe (la loi nᵒ 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, plus connue sous son acronyme loi NOTRe, est une loi française qui s'inscrit dans l'acte III de la décentralisation mis en œuvre à partir de la présidence de François Hollande), portant sur la nouvelle décentralisation et votée en 2015, nous avons pour mission de contribuer à l’évaluation et au suivi des politiques publiques régionales.
 
Le fonctionnement interne de l’assemblée peut être décliné en 4 phases ordonnées comme suit: 
1. s'emparer d'un sujet: en tant que seconde assemblée d’Île-de-France, nous pouvons être sollicités pour rédiger un avis par la présidente du Conseil régional, Valérie Pécresse. C’est une saisine. Nous sommes obligatoirement consultés sur les documents budgétaires, les actions environnementales de la Région et les schémas et plans d’aménagement. Lorsque nous identifions des préoccupations émergentes, nous pouvons également nous pencher sur un sujet de notre initiative, on parle alors d’auto-saisine;
2. échanger, dialoguer et proposer: chaque conseillère et chaque conseiller siège dans une ou plusieurs commissions thématiques de 20 à 30 personnes, qui se réunissent pour concevoir et rédiger des rapports ou des avis. Attachés au dialogue et au collectif, nous partageons nos idées, nos expériences et nos différences de points de vue. Nous aboutissons ensuite à des propositions concrètes, dans la recherche d’une expression consensuelle. À cette étape, nous parlons encore de projet;
3. voter en assemblée plénière: Les projets de rapports ou d’avis sont présentés par le rapporteur en assemblée plénière. C’est l’occasion pour chacun et chacune d’entre nous de débattre sur le fond des avis. Nous discutons, amendons et enfin votons définitivement le texte. Sur certains sujets, comme le Budget, les actions environnementales, les schémas et plans d’aménagement, nos avis votés en plénière ont valeur d’obligation légale, afin que le Conseil régional puisse ensuite délibérer;
4. faire connaître nos préconisations: les rapports et avis définitifs sont transmis au Conseil régional et à l’ensemble des acteurs institutionnels régionaux intéressés par le sujet. Nous avons une mission consultative, nos préconisations seront donc mises en œuvre par le Conseil régional qui a lui une mission exécutive. 
Les travaux du Ceser sont mis à disposition de tous les citoyens.
 


RME: Quel est votre devoir, votre mission actuellement? 
 
CAI Lianhua: Je suis membre de la commission Affaires européennes et action internationale, de la commission Culture et communication et de la section prospective.
Le Bureau du Ceser est une instance de pilotage et de décision pour le fonctionnement de l’assemblée. Le rôle du vice-président est de prendre part aux travaux du Bureau, et de présider et diriger les travaux du 4e collège dont je suis membre.
 
RME: Quelle est la plus grande joie que ce travail vous apporte? D'oùvient la difficulté?
 
CAI Lianhua: J’ai travaillé en qualité d’auditeur à l’Inspection générale de la Ville de Paris pendant 5 ans, les audits internes et les opérations d’inspection m’ont permis d’acquérir une méthodologie de travail dans les milieux complexes sur les sujets variés. Au Ceser, nous travaillons sur les saisines de la Présidente du Conseil régional et les saisines émanant du Ceser lui-même (auto-saisine), et une compétence nouvelle des Ceser de France, il s’agit de l’évaluation des politiques publiques réalisée avant (« ex ante »), pendant (« in itinere ») ou après (« ex post »).
Au cours les 3 années précédentes, j’ai travaillé sur la francophonie, le désert culturel en Île-de-France et le vieillissement de la population francilienne.
Pour les années à venir que le Ceser penche sur les problèmes de la jeunesse post-Covid, et la diversité ethno-socio-culturel.
Les difficultés majeures est le partage des idées, nous venons des milieux socio-professionnels variés, il y a un effort certain à comprendre le raisonnement les uns des autres avant de pouvoir émettre des avis partagés. La sagesse du Yin-Yang chinois est très utile dans ce type de travail collégial, pour mémoire le Yin-Yang chinois repose sur 4 propriétés: dualité, interdépendance, dilatation-contraction et transmutation.
 
 
RME: Quelles sont vos ambitions comme conseiller?
 
CAI Lianhua: Faire bouger des choses, que le Ceser entre dans le 21e siècle, le siècle de la globalisation, le siècle de la transformation numérique.
 
RME: La donne épidémique s'est améliorée, mais il faut rester prudent. Cette épidémie a tout bouleversé, quel est le plus grand impact sur vous?
 
CAI Lianhua: Le Bureau du CESER est renouvelé à chaque mi-mandature, au bout de trois années d’exercice. Notre renouvellement a été fortement perturbé par la crise sanitaire que nous traversons actuellement, la sortie progressive du confinement nous a permis de nous réunir en assemblée plénière, en présentiel, au sein de l’hémicycle du Conseil régional Île-de-France le 10 juin 2021, pour procéder à l’élection de la présidence du Ceser, à l’élection des vice-présidences du Ceser et à l’élection de la composition des commissions thématiques et de la section prospective.
 
RME: On sait que vous avez exercé de nombreux métiers: vous avez comme ingénieur dans le domaine des communications informatiques, vous étiez fonctionnaire, et vous êtes aujourd'hui conseiller. Quel statut vous préférez?
 
CAI Lianhua: Cela dépend de la maturité acquise au fil des années, plus jeunes, mon français ne pouvait rivaliser mes collègues dont le français est leur langue maternelle, je voulais être un « super technicien », le numérique commençait à pointer son nez dans l’entreprise dans les années 1970, ma première paie en informatique était en 1978. Plus tard, je voulais passer du côté de la maîtrise d’ouvrage des applications, ma fierté est d’avoir fait numérisé et géo-localisé les espaces verts parisiens et réaliser un système d’information géographique, un référentiel des espaces verts parisiens : +500 parcs et jardins, 32 domaines forestiers, +100 000 arbres d’alignement et 20 cimetières parisiens.
À la veille de ma retraite, je suis nommé par le Préfet pour siéger au Ceser, c’est une haute reconnaissance de la République envers mes activités passées. Aujourd’hui, investi de la fonction de vice-président de la 2e assemblée régional, je déploierai de toutes mes forces pour être à la hauteur des responsabilités qui me sont confiées.   
 
RME: Vous avez dit que nous devions bien traiter de la relation entre la vie professionnelle, la vie familiale et la vie sociale, laquelle vous semble la plus importante? Quels conseils avez-vous?
 
CAI Lianhua: À mon humble avis, les réponses à cette question dépend de ce que l’on cherche dans la vie.
Pour moi, je viens sur terre pour chercher de la lumière, lorsque l’on bénéficie de la lumière, il faut la réfléchir autour de soi et ne jamais garder pour soi.
Nous avons besoins les 3 vies : la vie personnelle pour réchauffer le cœur, la vie professionnel pour remplir l’estomac, et plus si on peut s’épanouir, et la vie sociale pour garnir le cerveau. Et les priorités de la vie font que les propriétés Yin-Yang sont extrêmement utiles pour la gestion de ces 3 vies.
 
RME: La France compte le plus grand nombre de la diaspora chinoise d'Europe. Selon vous, nous sommes originaires asiatiques et nous vivons en France. Comment nous gérons la relation entre les deux?
 
CAI Lianhua: En qualité d’immigré, ma place a toujours été celle de la bru dans une grande famille, pas la belle-fille mais la bru, j’ai 2 familles, ma famille parentale et ma belle-famille, je me donne comme obligation d’aimer et de chérir mes 2 familles et de créer de la valeur pour mes 2 familles. À l’image d’une graine qui aspire à devenir un grand arbre, la graine doit se donner du temps pour s’acclimater; elle doit s’enraciner profondément pour se nourrir avec des substrats environnant; elle doit s’élever vers le haut, car, en hauteur on a plus d’espace et plus de lumière; et enfin, elle doit observer la droiture, c’est le moyen le plus rapide pour atteindre le zénith.
 
RME: Est-ce aussi votre intention initiale de créer une radio sino-française, la radio Mandarin d’Europe?
 
CAI Lianhua: Oui, à partir de l’an 2000, à l’âge de mes 40 ans, je me suis posé de nombreuse question sur d’où je viens et où je vais aller, comme tout le monde. Je suis un grand consommateur de programmes de la radiodiffusion. Suite à la régulation des fréquences hertziennes radiophoniques engagée pendant la présidence de François Mitterrand dans les années 1980, la première convention d’une fréquence FM parisienne arrivait à terme, un appel d’offres a été lancé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel en 2006. Mes amis m’ont encouragé à demander une fréquence pour la communauté asiatique. 
Pratiquement toutes les minorités cultuelles ont une ou plusieurs stations FM, j’ai alors porté le projet avec les Berbères de France pour demander une fréquence partagée. Nos dossiers n’ont pas été retenus par le CSA. En 2008, j’ai trouvé des partenaires chinois venant de la région de Wenzhou, nous portions ensemble le projet de radio suivi de 3 réponses aux appels d’offres du CSA. 
Le 15 janvier 2013, j’ai lu dans le Journal Officiel de la République française que l’association Le Carré de Chine, porteur du projet Radio Mandarin d’Europe bénéficie d’une fréquence hertzienne numérique dans la zone de Paris, l’aventure réelle de RME a commencé…
Les objectifs majeurs de la radio sont:
1. contribuer à une meilleure compréhension, avec la culture pour socle fondateur, entre les francophones et les sinophones;
2. contribuer à une meilleurs appropriation des jeunes Franco-chinois, issus de l’immigration, de la culture du pays des parents, un bagage nécessaire pour une meilleure intégration en France;
3. être un nouveau canal de distraction pour les retraités issus de l’immigration chinoise.