欧洲华语广播电台 Radio Mandarin d'Europe

Nicolas Hulot, un ministre perdant de nombreux arbitrages
2018-08-29 22:42:02


来源 : Le Monde



Il y avait les couleuvres déjà avalées mais, très probablement aussi, des décisions à venir du gouvernement sur des dossiers qui tenaient à cœur au désormais ancien ministre de la transition écologique et solidaire. Et Nicolas Hulot semblait avoir perdu de nombreux arbitrages, ces dernières semaines.
 
Nul doute que la question du nucléaire a joué un rôle important dans sa décision de jeter l’éponge. En évoquant, sur France Inter, mardi 28 août, les raisons de son renoncement, Nicolas Hulot n’y a fait que de brèves allusions, en fustigeant « cette folie inutile économiquement, techniquement, dans laquelle on s’entête ». Une sortie faisant écho à sa dénonciation, en juin, de « la dérive » de la filière nucléaire.
 
« Une forme de mystification »
 
Il a toutefois laissé entendre que son incapacité à s’imposer sur ce dossier, face au chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et au premier ministre, Edouard Philippe, avait pesé sur son choix. Il ne pouvait plus s’accommoder, sous peine de participer à « une forme de mystification », du flou entretenu par ses interlocuteurs « quand on rentre dans des choses très concrètes, sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, sur les réacteurs [à fermer] qu’il faut nommer ».
 
Le sujet est d’autant plus brûlant que Nicolas Hulot devait présenter, avant la fin de l’année – il laisse donc le chantier inachevé –, la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la France, couvrant les périodes 2019-2023 et 2024-2028. Il s’agit de la feuille de route qui doit permettre d’atteindre les objectifs de la loi de transition énergétique de 2015 : réduction de la consommation globale, montée en puissance des renouvelables, baisse à 50 % (contre plus de 75 %) de la part de l’atome dans la production d’électricité.
 
Une première bataille avait été perdue, avec l’abandon, annoncé par Nicolas Hulot en novembre 2017, de l’échéance de 2025 pour parvenir à ce seuil de 50 %. Tout porte à penser que l’ex-ministre était sur le point d’essuyer un nouveau revers.
 
Lui-même jugeait nécessaire, pour être crédible, que la PPE comporte un « calendrier précis », avec le nombre mais aussi le nom des réacteurs à fermer, parmi les cinquante-huit aujourd’hui en service, pour amorcer la décrue du nucléaire. Les arbitrages que s’apprêtent à rendre les chefs de l’Etat et du gouvernement n’allaient probablement pas dans ce sens.
 
Trois EPR de plus ?
 
Sans préjuger de la position – et du pouvoir d’influence – du (ou de la) ministre qui succédera à M. Hulot, on peut donc s’attendre à ce que la feuille de route énergétique renvoie à plus tard les décisions sur les arrêts de réacteurs. Tout au plus pourrait-il être indiqué un nouvel « horizon », autour de 2035, pour ramener la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50 %.
 
Reste à savoir si la PPE exaucera le vœu d’EDF, qui souhaite la mise en chantier rapide d’un second EPR, en plus de celui de Flamanville (Manche). « Si je m’en vais, il va y avoir trois EPR de plus dans les prochaines années », aurait déclaré à Libération Nicolas Hulot, début août, des propos publiés mardi après qu’il a décidé de passer la main.
 
Sur d’autres questions, moins visibles pour le moment que celle du nucléaire, le ministre avait perdu des arbitrages dernièrement, ce qui l’avait, témoigne son entourage, irrité.
 
Ainsi, pratiquement évincé des Etats généraux de l’alimentation, à l’automne 2017, dirigés alors par le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, il avait souhaité faire du bien-être animal une cause importante de son ministère. Il avait proposé la tenue d’une conférence de citoyens sur ce thème. Des contacts avaient été pris pour en organiser le comité de pilotage, mais, las, l’opposition du ministère de l’agriculture et, semble-t-il, du ministère de la recherche, ont mis fin à cette ambition. Matignon a écarté la proposition.
 
De même, sur l’artificialisation des sols, un dossier évoqué mardi sur France Inter par M. Hulot pour justifier sa démission, il avait demandé, dans le cadre du projet de loi ELAN, déjà approuvé par les sénateurs fin juillet, à ce que l’objectif de zéro artificialisation nette soit réaffirmé et daté. Mais rien de concret n’y figure, regrette-t-on au ministère de l’écologie, et de dénoncer la pression du ministère de la cohésion des territoires.
 
Il en va de même dans d’autres dossiers comme le plan vélo, appelé de ses vœux par M. Hulot, et absent du plan gouvernemental pour les transports propres, présenté en juillet.